Бесплатная библиотека, читать онлайн, скачать книги txt

БОЛЬШАЯ БЕСПЛАТНАЯ БИБЛИОТЕКА

МЕЧТА ЛЮБОГО КНИГОЛЮБА

Вторник, 16 апреля, 18:10

Авторизация    Регистрация
Дамы и господа! Электронные книги в библиотеке бесплатны. Вы можете их читать онлайн или же бесплатно скачать в любом из выбранных форматов: txt, jar и zip. Обратите внимание, что качественные электронные и бумажные книги можно приобрести в специализированных электронных библиотеках и книжных магазинах (Litres, Read.ru и т.д.).

ПОСЛЕДНИЕ ОТЗЫВЫ О КНИГАХ

Михаил (19.04.2017 - 06:11:11)
книге:  Петля и камень на зелёной траве

Потрясающая книга. Не понравится только нацистам.

Антихрист666 (18.04.2017 - 21:05:58)
книге:  Дом чудовищ (Подвал)

Классное чтиво!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Ладно, теперь поспешили вы... (18.04.2017 - 20:50:34)
книге:  Физики шутят

"Не для сайта!" – это не имя. Я пытался завершить нашу затянувшуюся неудачную переписку, оставшуюся за окном сайта, а вы вын... >>

Роман (18.04.2017 - 18:12:26)
книге:  Если хочешь быть богатым и счастливым не ходи в школу?

Прочитал все его книги! Великий человек, кардинально изменил мою жизнь.

АНДРЕЙ (18.04.2017 - 16:42:55)
книге:  Технология власти

ПОЛЕЗНАЯ КНИГА. Жаль, что мало в России тех, кто прочитал...

Читать все отзывы о книгах

Обои для рабочего стола

СЛУЧАЙНОЕ ПРОИЗВЕДЕНИЕ

Словно бабочки путаны, на обочине стоят
Ожидают, обнажившись озабоченных ребят...
Тушь с помадой на бордюр...
Задремал водитель фуры.

13.05.10 - 05:18
Автор неизвестен

Читать онлайн произведения


Хотите чтобы ваше произведение или ваш любимый стишок появились здесь? добавьте его!

Поделись ссылкой

La promesse de лаубе   ::   Gary Romain

Страница: 2 из 98
 


Je l'embrassai avec toute la froideur amusée dont j'étais capable et tentai en vain de la manœuvrer habilement derrière le taxi, afin de la dérober aux regards, mais elle fit simplement un pas en arrière, pour mieux m'admirer et, le visage radieux, les yeux émerveillés, une main sur le cœur, aspirant bruyamment l'air par le nez, ce qui était toujours, chez elle, un signe d'intense satisfaction, elle s'exclama, d'une voix que tout le monde entendit, et avec un fort accent russe:

– Guynemer! Tu seras un second Guynemer! Tu verras, ta mère a toujours raison!

Je sentis le sang me brûler la figure, j'entendis les rires derrière mon dos, et, déjà, avec un geste menaçant de la canne vers la soldatesque hilare étalée devant le café, elle proclamait, sur le mode inspiré:

– Tu seras un héros, tu seras général, Gabriele d'Annunzio, Ambassadeur de France – tous ces voyous ne savent pas qui tu es!

Je crois que jamais un fils n'a haï sa mère autant que moi, à ce moment-là. Mais, alors que j'essayais de lui expliquer dans un murmure rageur qu'elle me compromettait irrémédiablement aux yeux de l'Armée de l'Air, et que je faisais un nouvel effort pour la pousser derrière le taxi, son visage prit une expression désemparée, ses lèvres se mirent à trembler, et j'entendis une fois de plus la formule intolérable, devenue depuis longtemps classique dans nos rapports:

– Alors, tu as honte de ta vieille mère?

D'un seul coup, tous les oripeaux de fausse virilité, de vanité, de dureté, dont je m'étais si laborieusement paré, tombèrent à mes pieds. J'entourai ses épaules de mon bras, cependant que, de ma main libre, j'esquissais, à l'intention de mes camarades, ce geste expressif, le médius soutenu par le pouce et animé d'un mouvement vertical de va-et-vient, dont le sens, je le sus par la suite, était connu des soldats du monde entier, avec cette différence qu'en Angleterre, deux doigts étaient requis là où un seul suffisait, dans les pays latins – c'est une question de tempérament.

Je n'entendais plus les rires, je ne voyais plus les regards moqueurs, j'entourais ses épaules de mon bras et je pensais à toutes les batailles que j'allais livrer pour elle, à la promesse que je m'étais faite, à l'aube de ma vie, de lui rendre justice, de donner un sens à son sacrifice et de revenir un jour à la maison, après avoir disputé victorieusement la possession du monde à ceux dont j'avais si bien appris à connaître, dès mes premiers pas, la puissance et la cruauté.

Encore aujourd'hui, plus de vingt ans après, alors que tout est dit, et que je demeure étendu sur mon rocher de Big Sur, au bord de l'Océan, et que seuls les phoques font entendre leur cri dans la grande solitude marine où les baleines passent parfois avec leur jet d'eau minuscule et dérisoire dans l'immensité – encore aujourd'hui, alors que tout semble vide, je n'ai qu'à lever les yeux pour voir la cohorte ennemie qui se penche sur moi, à la recherche de quelque signe de défaite ou de soumission.

J'étais un enfant lorsque ma mère pour la première fois m'apprit leur existence; avant Blanche-Neige, avant le Chat Botté, avant les sept nains et la fée Carabosse, ils vinrent se ranger autour de moi et ne me quittèrent plus jamais; ma mère me les désignait un à un et murmurait leurs noms, en me serrant contre elle; je ne comprenais pas encore, mais déjà je pressentais qu'un jour, pour elle, j'allais les défier; à chaque année qui passait, je distinguais un peu mieux leurs visages; à chaque coup qu'ils nous portaient, je sentais grandir en moi ma vocation d'insoumis; aujourd'hui, ayant vécu, au bout de ma course, je les vois encore clairement, dans le crépuscule de Big Sur, et j'entends leurs voix, malgré le grondement de l'Océan; leurs noms viennent tout seuls à mes lèvres et mes yeux d'homme vieillissant retrouvent pour les affronter le regard de mes huit ans.

Il y a d'abord Totoche, le dieu de la bêtise, avec son derrière rouge de singe, sa tête d'intellectuel primaire, son amour éperdu des abstractions; en 1940, il était le chouchou et le doctrinaire des Allemands; aujourd'hui, il se réfugie de plus en plus dans la science pure, et on peut le voir souvent penché sur l'épaule de nos savants; à chaque explosion nucléaire, son ombre se dresse un peu plus haut sur la terre; sa ruse préférée consiste à donner à la bêtise une forme géniale et à recruter parmi nous nos grands hommes pour assurer notre propre destruction.

Il y a Merzavka, le dieu des vérités absolues, une espèce de cosaque debout sur des monceaux de cadavres, la cravache à la main, avec son bonnet de fourrure sur l'oeil et son rictus hilare; celui-là est notre plus vieux seigneur et maître; il y a si longtemps qu'il préside à notre destin, qu'il est devenu riche et honoré; chaque fois qu'il tue, torture et opprime au nom des vérités absolues, religieuses, politiques ou morales, la moitié de l'humanité lui lèche les bottes avec attendrissement; cela l'amuse énormément, car il sait bien que les vérités absolues n'existent pas, qu'elles ne sont qu'un moyen de nous réduire à la servitude et, en ce moment même, dans l'air opalin de Big Sur, par-dessus l'aboiement des phoques, les cris des cormorans, l'écho de son rire triomphant roule vers moi de très loin, et même la voix de mon frère l'Océan ne parvient pas à le dominer.

Il y a aussi Filoche, le dieu de la petitesse, des préjugés, du mépris, de la haine – penché hors de sa loge de concierge, à l'entrée du monde habité, en train de crier «Sale Américain, sale Arabe, sale Juif, sale Russe, sale Chinois, sale Nègre» – c'est un merveilleux organisateur de mouvements de masses, de guerres, de lynchages, de persécutions, habile dialecticien, père de toutes les formations idéologiques, grand inquisiteur et amateur de guerres saintes, malgré son poil galeux, sa tête d'hyène et ses petites pattes tordues, c'est un des dieux les plus puissants et les plus écoutés, que l’on trouve toujours dans tous les camps, un des plus zélés gardiens de notre terre, et qui nous en dispute la possession avec le plus de ruse et le plus d'habileté.

Il y a d'autres dieux, plus mystérieux et plus louches, plus insidieux et masqués, difficiles à identifier; leurs cohortes sont nombreuses et nombreux leurs complices parmi nous; ma mère les connaissait bien; dans ma chambre d'enfant, elle venait m'en parler souvent, en pressant ma tête contre sa poitrine et en baissant la voix; peu à peu, ces satrapes qui chevauchent le monde devinrent pour moi plus réels et plus visibles que les objets les plus familiers et leurs ombres gigantesques sont demeurées penchées sur moi jusqu'à ce jour; lorsque je lève la tête, je crois apercevoir leurs cuirasses étincelantes et leurs lances semblent se braquer sur moi avec chaque rayon du ciel.

123>>98


В тексте попалась красивая цитата? Добавьте её в коллекцию цитат!
Колесо войныВасилий Сахаров69,90 руб.
Завещание рождественской уткиДарья Донцова89,90 руб.
Дневник свекровиМария Метлицкая79,99 руб.
На пятьдесят оттенков темнееЭ. Л. Джеймс149,90 руб.


copyright © Бесплатная библиотека,    контакты: [email protected]